Chauffage au bois: Ne faites pas feu de tout bois!

L’assouplissement des dispositions de l’ordonnance sur la protection de l’air en appelle à la responsabilité individuelle. Comme il est désormais possible d’incinérer dans les petites chaudières non seulement du bois à l’état naturel, mais aussi des résidus de bois et du bois usagé non traités, ces dispositions doivent être scrupuleusement respectées, sous peine de voir l’air pollué par des substances toxiques.

Texte: Pieter Poldervaart 

Il est interdit de brûler du bois traité dans les poêles et les cheminées
© Joël Käser/BAFU

C’est un produit local, renouvelable et neutre en CO2: le bois de chauffage présente des avantages indéniables. Mais s’il n’est pas incinéré correctement ou s’il a été traité avec de la peinture ou du vernis, sa combustion libère des produits toxiques. C’est pourquoi seul le bois à l’état naturel pouvait être utilisé jusqu’à présent dans les cheminées, les poêles et les petites chaudières, soit tous les chauffages au bois des maisons individuelles et des immeubles collectifs.

Depuis avril 2017, cependant, les dispositions ont été assouplies, grâce à une motion du Conseil national proposant la possibilité d’incinérer dans les petites chaudières toute sorte de bois non traité. À l’origine, une réflexion simple : en brûlant soi-même des résidus de bois plutôt que dans les usines d’incinération des déchets, on limite les distances de transport et on promeut la source d’énergie qu’est le bois suisse. Par résidus, on entend le bois des ménages particuliers ainsi que des exploitations agricoles ou commerciales, y compris donc celui des menuiseries ou les lattes et les poteaux de clôtures usagées.

S’abstenir en cas de doute

Cette idée fut tout d’abord accueillie positivement par les deux commissions parlementaires. Mais les réactions au projet de révision de l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair) ont été majoritairement hostiles: sept cantons sur dix, 40% des associations économiques et professionnelles et l’intégralité des organisations de protection de l’environnement et de la santé s’opposèrent à l’assouplissement, arguant essentiellement que la santé de la population s’en trouverait affectée. Les résultats des consultations faisaient apparaître une crainte récurrente, celle du risque élevé de se tromper en présence d’un morceau de bois dont on ne sait s’il est traité ou non. En effet, l’incinération non intentionnelle de bois traité augmenterait les émissions de particules fines, de métaux lourds, de dioxines et de furannes.

Malgré tout, le Conseil national décida de ne pas classer purement et simplement l’initiative parlementaire, mais de charger l’OFEV d’élaborer une modification moins ambitieuse de l’ordonnance. Cette version fut ensuite approuvée par le Conseil fédéral, de sorte que l’ordonnance révisée put entrer en vigueur début avril 2017.

«Utiliser les restes de bois pour produire de l’énergie tout en évitant les longs transports est évidemment une bonne idée», déclare Beat Müller, chef de la section Industrie et combustion de l’OFEV. Selon lui, toutefois, ces nouvelles dispositions impliquent aussi de nouveaux défis: «Prenons l’exemple d’un vieux bois très abîmé ou imprégné sous pression et pouvant renfermer des substances problématiques. Bien souvent, il est impossible de dire s’il a été verni, peint ou traité il y a plusieurs décennies.» Même si rien ne le laisse supposer, il se peut qu’une grande partie des produits chimiques se trouve encore dans le bois et dégage des gaz toxiques lors de la combustion. Cette éventualité n’a rien d’anodin quand on sait que la Suisse compte actuellement 580 000 cheminées et petites chaudières.

«C’est pourquoi les personnes possédant un poêle ou une cheminée doivent impérativement les utiliser de façon responsable», poursuit Beat Müller. En cas de doute sur un traitement chimique du bois, mieux vaut apporter celui-ci dans un centre de collecte des déchets. L’incinération de bois de provenance inconnue et potentiellement traité doit être évitée, notamment dans les villes ou les agglomérations à forte densité de population, car les fumées évacuées peuvent nuire à la santé des habitants.

L’arroseur arrosé ?

Les services cantonaux de protection de l’air sont chargés de vérifier si seul du bois non toxique est utilisé dans les cheminées. Mais les nouvelles prescriptions légales les mettent à rude épreuve. Beat Müller explique: «Jusqu’à présent, il suffisait d’un seul coup d’œil pour savoir si une pile contenait du bois usagé ou des planches traitées, et pour conseiller les utilisateurs. Désormais, il va falloir analyser le bois en détail, ce qui est quasiment impossible à faire dans la pratique.»

De plus, même un spécialiste a parfois besoin d’une analyse chimique pour se prononcer sur la composition d’un bois. Beat Müller en appelle donc à la responsabilité des utilisateurs: «Si vous vous chauffez au bois, respectez scrupuleusement les consignes. Il en va aussi de votre propre intérêt.» En effet, les particules fines chargées en métaux lourds et en dioxines retombent à proximité directe de la cheminée, par exemple dans les potagers. Et du fait des échanges d’air, elles se déposent aussi à l’intérieur de la maison et dans le voisinage.

Les consignes à respecter

  • N’utilisez que du bois à l’état naturel et des restes de bois non traité.
  • Vous ne savez pas si une planche a été traitée avec un vernis, une laque ou une peinture ? Alors apportez-la dans un centre de collecte des déchets.
  • Désormais, le bois non traité peut aussi servir à confectionner des pellets et des copeaux. Les pellets certifiés ENplus offrent une excellente qualité. Demandez à votre fournisseur de copeaux de vous assurer qu’ils ne contiennent pas de bois traité.
  • N’utilisez pas de papier journal dans votre cheminée. Économiques et disponibles dans le commerce, les allume-feu constitués de laine de bois et de cire permettent aux bûches de se consumer du haut vers le bas. De ce fait, la pollution est nettement réduite au début du processus de combustion, phase toujours critique.
  • Ne brûlez pas de bois vert, mais des bûches ayant séché au moins deux ans et présentant une taille adaptée à votre cheminée.
  • Veillez à disposer d’une aération suffisante, et n’interrompez l’arrivée d’air qu’après combustion totale.

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Dernière modification 29.11.2017

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