Déchets urbains: Offensive anti-littering

C’est bientôt l’été ! Le retour des beaux jours, mais aussi la haute-saison du littering. Plusieurs mesures entendent y remédier.

Texte: Christian Schmidt

Littering auf einer Wiese
Les déchets sont négligemment jetés ou abandonnés sur place: une pratique illégale.
© Markus Forte | Ex-Press | BAFU

« C’est une idée à la fois originale et utile ! » Rita Barros, de la section Déchets urbains à l’OFEV, salue l’engagement de Cécile Kienzi et de Kim Löffler. Ces deux jeunes diplômées de l’École de commerce de Wetzikon (ZH) aiment le hip-hop et les concerts en plein air, mais sont exaspérées par les détritus qui jonchent le sol : « Les gens jettent tout par terre, leurs bouteilles en PET, leurs mégots, et même leurs tentes. » Elles ont donc demandé à 80 festivaliers les raisons de leur comportement, puis ont élaboré sur cette base des propositions qu’elles ont publiées sur internet. Pour Rita Barros, c’est la preuve « qu’avec une bonne formation, les jeunes sont sensibilisés à l’environnement et s’engagent davantage dans ce sens ».

Une mauvaise habitude répandue

Le littering est une mauvaise habitude répandue mais illégale, qui consiste à jeter ou à abandonner négligemment ses déchets sans utiliser les poubelles prévues à cet effet. Une mauvaise habitude qui se transforme en véritable nuisance. Selon une étude de l’OFEV, l’élimination de ces déchets coûte chaque année près de 200 millions de francs à la Suisse : 150 pour les communes, 50 pour les transports publics. Ce phénomène s’explique notamment par l’évolution de la consommation et des loisirs sur fond de mobilité croissante : la relation à l’environnement en fait les frais, en particulier dans l’espace public. Mais, d’après Rita Barros, le littering n’est pas seulement causé par les jeunes : « C’est un problème de société général. Il ne pourra être résolu que si chacun se sent concerné. » C’est pourquoi la Communauté d’intérêts monde propre (IGSU), centre de compétences national contre le littering, s’est associée aux cantons et aux communes afin de développer une série de mesures en faveur d’un comportement plus responsable face aux déchets urbains. Cette commission est conseillée et soutenue par l’OFEV.

Un label à la rescousse

L’une de ces mesures est l’attribution du label « No-Littering ». L’IGSU l’a créé en mai 2017 afin de récompenser l’engagement actif. Nora Steimer, sa directrice, précise : « Non seulement il vient renforcer les mesures contre le littering, mais il représente aussi une reconnaissance et une motivation pour toutes les personnes impliquées. » La distinction a déjà été remise 63 fois, par exemple à la ville de Fribourg pour ses 17 initiatives anti-littering. Parmi elles, un « baromètre » qui indique le volume d’ordures jetées chaque jour, ou encore des poubelles solaires munies d’un compacteur de déchets. Les mesures sont complétées par la campagne « Stop mégots » : le personnel de nettoyage distribue aux fumeurs des minicendriers de poche. Conserver les mégots au lieu de les jeter offre un double avantage : une baisse de la pollution et une économie d’argent puisqu’il n’est plus nécessaire de les ramasser. Le label « No-Littering » a été décerné à des institutions soutenues par les pouvoirs publics, mais aussi à des écoles privées telles que le Centre de formation pour l’industrie suisse de la viande (ABZ) à Spiez. Pour son directeur, Sepp Zahner, lutter contre le littering est une évidence : « Nous voulons léguer à nos enfants et petits-enfants un monde où il fait bon vivre. » Grâce au label, la gestion correcte des déchets fait désormais partie des « règles du jeu » de l’école, et la lutte contre le littering figure en bonne place dans le manuel de conduite de la direction. Sepp Zahner constate ainsi une amélioration de la situation depuis l’attribution du label : « Les ressources sont utilisées de manière plus raisonnée. » Par ailleurs, il a été contacté par plusieurs entreprises désireuses de s’engager contre le littering. « C’est une chose très positive, puisque cela renforce notre réputation. »

Une boîte à outils spéciale

Les services spécialisés et le grand public disposent depuis fin 2017 d’un outil supplémentaire : le « Littering Toolbox ». Créé à l’origine en 2013, il a fait peau neuve et est désormais disponible en ligne sous le titre « Idées contre les déchets ». Il s’agit d’une boîte à outils qui propose aux personnes et aux groupes intéressés des solutions pour résoudre soi-même les problèmes de littering. Un masque de recherche permet de filtrer le site internet d’après des critères tels que la situation, le type de mesure ou le groupe cible. Quelques clics suffisent alors pour trouver des idées adaptées à la problématique de chacun. Le Clean-Up-Day, quant à lui, est devenu une tradition dans toute la Suisse. Intégrée au mouvement international « Let’s do it ! », cette grande campagne de nettoyage aura lieu pour la sixième fois les 14 et 15 septembre 2018.

« Nous voulons faire quelque chose »

La commune bernoise de Wengi a décidé cette année d’y participer. Pour quelle raison ? « Parce que nous voulons faire quelque chose pour l’environnement », explique Matthias Stettler, conseiller communal. Avec ses 600 habitants, Wengi est un petit village mais possède une grande réserve naturelle. De plus, c’est un nœud routier, ce dont témoignent les détritus le long des chaussées. C’est pourquoi les élèves du village seront équipés de vestes réfléchissantes, de gants et de pinces à déchets et nettoieront les routes avec le soutien des adultes. Matthias Stettler est convaincu du bien-fondé de cette initiative : « Les enfants reconnaissent qu’un environnement propre est un bien précieux. Ils sont sensibilisés et comprennent mieux à quel point des déchets mal éliminés peuvent poser problème. » Le Clean-Up-Day est désormais un mouvement bien rodé. « Au début, quelque 250 écoles, communes, associations et entreprises y ont participé, tandis qu’aujourd’hui, nous en comptons presque le double », se félicite Nora Steimer, de l’IGSU. Plus le projet se fait connaître, plus il suscite de l’intérêt – mais aussi le besoin d’y prendre part.

Des résultats efficaces

Les mesures mises en œuvre par l’IGSU,la Confédération, les cantons et les communes fonctionnent. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer par exemple le volume de déchets collectés à Zurich depuis 2009 dans l’espace public : il reste stable, alors que la ville est en pleine expansion. « C’est une évolution très positive », constate Niels Michel, responsable du dialogue et de la présence auprès du service zurichois de la propreté urbaine. Nora Steimer le confirme : « Effectivement, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers pour autant. » C’est justement là qu’interviennent Kim Löffler et Cécile Kienzi, avec le projet qu’elles ont développé à l’école de commerce de Wetzikon (ZH). Elles ont constaté que lors des concerts en plein air, près d’un quart des personnes ne rapportaient pas leur gobelet malgré la consigne, parce que les files d’attente aux stands de boissons étaient trop longues et les 2 francs demandés, une somme trop faible. Pour Kim Löffler, la solution est simple : « Les organisateurs devraient installer des stands réservés à la restitution des gobelets et, parallèlement, augmenter le prix de la consigne. Ils pourraient aussi engager des personnes chargées de collecter les gobelets. » Le site internet « Manifestation verte », soutenu par la Confédération et par plusieurs cantons et communes, s’inscrit dans cette même ligne. Il a été créé récemment, lui aussi, afin de se rapprocher de l’objectif final de toutes ces mesures : le Clean Europe Network, qui regroupe les principales associations anti-littering dans toute l’Europe, dont l’IGSU suisse, vise en effet le zéro littering à l’échelle européenne d’ici 2030.

Papiernastuch mit einer Abfall-Greifzange hochgehoben
Près de 500 écoles, communes, associations et entreprises participent au Clean-Up-Day.
© IGSU

Relevons le défi !

Il est possible de lutter contre le littering à différents niveaux. Pas seulement à grand recours de leçons de morale, mais aussi sur le ton de l’humour.

  • La ville d’Olten (SO) s’est équipée de poubelles parlantes qui gratifient leurs utilisateurs d’un « merci », d’un « smack » ou d’un « miam ».
  • L’école de la commune de Siebnen (SZ) a lancé en 2015 unconcours de rédaction sur le thème du littering. Les jeunesont pu prendre conscience de la problématique sous unnouvel angle. Leurs textes montrent qu’ils ont une visionresponsable de l’environnement.
  • Afin d’endiguer ses excès de déchets, le fan-club du FC Saint-Gall collabore avec les CFF lorsque ses supportersse rendent à des matches joués à l’extérieur. Une équipe defans motivés veille au maintien de l’ordre ; en remerciement, le voyage en train leur est offert.
  • En 2017, la Communauté d’intérêts monde propre (IGSU) a créé le « Trash Hero ». Ce titre ainsi qu’une médaille ontété décernés à des personnes filmées en caméra cachéequi jetaient correctement leurs déchets.
  • Les parrainages de sites ou d’espaces aident à créer unlien personnel avec un lieu donné, et ainsi à restreindre lelittering. C’est ainsi que des écoliers bâlois se sont engagésà nettoyer chaque semaine une zone de leur choix, ce quirenforce leur lien avec cette zone et les responsabilise. Encontrepartie, la classe se voit offrir par exemple un nouveaupanier de basket pour la cour de récréation.

Le rôle de l’OFEV

L’OFEV informe, conseille et soutient les différents acteurs dans le domaine du littering.

Savoir-faire : L’OFEV met à dispositionson savoir-faire. Il sert en outre demédiateurentre le monde de l’économieet les pouvoirs publics en proposant dessolutions pour les mesures anti-littering, par exemple en se faisant l’intermédiaireentre les éditeurs de journaux gratuits etles communes confrontées aux déchetsde papier.

Dialogue : L’OFEV a lancé une tableronde d’échange et d’informations réunissantdes représentants de l’économieprivée, d’associations, de communes et de cantons.

Soutien : L’OFEV conseille les cantonset les communes dans la mise en oeuvrede mesures de lutte contre le littering. De plus, il soutient les campagnes d’associationset de particuliers, sur le plantant technique que financier.

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Dernière modification 16.05.2018

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