Éléments majeurs dans les eaux souterraines

Les éléments majeurs sont des substances présentes dans les eaux souterraines à des concentrations de plusieurs milligrammes par litre. Ils proviennent principalement des sols et des roches et arrivent dans les eaux souterraines souvent de manière naturelle. C’est le cas par exemple du chlorure et du sulfate. Dans les zones urbanisées et en particulier le long des routes, la présence de chlorure peut résulter de l’utilisation de sel d’épandage, qui se compose de chlorure de sodium ou de chlorure de potassium. Au total, 4 % des stations de mesure suisses font état de concentrations de chlorure supérieures à la valeur limite, qui est fixée pour cette substance à 40 mg/l.

Les cations calcium et magnésium, les anions hydrogénocarbonate, sulfate et chlorure ainsi que le silicium, par exemple, sont des éléments majeurs. Les eaux souterraines affichent des valeurs caractéristiques pour chacun d’entre eux, en fonction du type d’aquifère et des interactions avec le sol et la roche. Concernant les eaux souterraines utilisées comme eau potable ou destinées à l’être, l’ordonnance sur la protection des eaux fixe une valeur limite (« exigence chiffrée ») de 40 mg/l pour le chlorure et le sulfate. Toutefois, cette valeur ne s’applique pas lorsque ces éléments majeurs sont présents en quantités accrues du fait de conditions naturelles, c’est-à-dire lorsqu’ils proviennent du sol et de la roche.

Lors d’une étude pilote réalisée dans le cadre de l’Observation nationale des eaux souterraines (NAQUA), des échantillons ont été prélevés en 2018 et en 2019 à environ 550 stations de mesure afin d’analyser la présence d’éléments majeurs.


Chlorure

En Suisse, le chlorure n’est naturellement présent dans les eaux souterraines proches de la surface qu’en faibles quantités. Ce n’est qu’aux stations de mesure situées à proximité des routes ou en zone urbanisée que les relevés montrent des valeurs supérieures à 40 mg/l. Or ces concentrations ne sont pas d’origine naturelle, car elles résultent de l’infiltration des eaux de chaussées contenant du sel d’épandage. Dans les zones urbanisées, les concentrations de chlorure dépassent la valeur limite de 40 mg/l à plus de 15 % des stations de mesure.

Chlorure dans les eaux souterraines et zones urbaines
Chlorure dans les eaux souterraines et type d’aquifère. Données : NAQUA, 2018/2019

Sulfate

Les concentrations accrues de sulfate dans les eaux souterraines sont en grande partie d’origine naturelle et sont principalement dues à la dissolution de gypse ou d’anhydrite évaporitiques et – plus rarement – à l’oxydation de sulfures comme la pyrite. Ainsi, les concentrations enregistrées dans différents aquifères karstiques de l’est du Jura et du versant nord des Alpes, dans les aquifères de roches meubles des parties supérieures des vallées du Rhône et du Rhin et de ceux de la région de Genève excèdent naturellement 40 mg/l en raison des caractéristiques rocheuses. Dans ces régions se trouvent des roches évaporitiques composées de gypse ou d’anhydrite.

Si l’on examine la présence de sulfate à l’aune des conditions naturelles spécifiques à la région, les concentrations de sulfate dépassent la valeur de fond naturelle de plus de 40 mg/l dans trois stations de mesure. Dans ces stations de mesure, les dépassements sont vraisemblablement dus à des apports de sulfate d'origine anthropique.  Dans ce cas de figure, elles peuvent être dues à des décharges qui comportent des déchets de construction. Le recours à des engrais qui contiennent du sulfate et l’utilisation de soufre comme produit phytosanitaire peuvent aussi amener du sulfate dans les eaux souterraines.

Sulfate dans les eaux souterraines 2018/2019
Sulfate dans les eaux souterraines et type d’aquifère. Données : NAQUA, 2018/2019

Hydrogénocarbonates

La concentration d’hydrogénocarbonates dans les eaux souterraines est contrôlée par rapport à l’équilibre calco-carbonique. Elle dépend en premier lieu du dioxyde de carbone présent dans les eaux d’infiltration et des carbonates présents dans le sol et l’aquifère. Aussi les roches qui contiennent des carbonates, comme le calcaire et la dolomite, sont-elles les principales sources d’apport en hydrogénocarbonates. L’agriculture (recours aux engrais calcaires) et la construction contribuent elles aussi à la présence d’hydrogénocarbonates dans les eaux souterraines. Toutefois, ces apports d’origine anthropique revêtent une importance moindre.

Les aquifères de roches meubles riches en carbonates du Plateau ainsi que les grès molassiques des aquifères détritiques fissurés présentent les concentrations les plus élevées d’hydrogénocarbonates d’origine naturelle dans les eaux souterraines (> 300 mg/l). Les régions karstiques du Jura, des Préalpes et des Alpes affichent elles aussi des concentrations élevées. À l’inverse, les aquifères cristallins fissurés des Alpes comportent des concentrations faibles d’hydrogénocarbonates (< 100 mg/l). Ces aquifères ne contiennent pas de roches carbonatées.

Hydrogénocarbonates dans les eaux souterraines 2018/2019
Hydrogénocarbonates dans les eaux souterraines et type d’aquifère. Données : NAQUA, 2018/2019

Les eaux souterraines des aquifères de roches meubles, des aquifères détritiques fissurés et des aquifères karstiques contiennent naturellement, en plus des hydrogénocarbonates, des concentrations élevées de calcium et de magnésium.

Les concentrations de calcium sont généralement comprises entre 10 et 200 mg/l et celles de magnésium, de sodium, de sulfate et de chlorure, entre 0,1 et 100 mg/l. Les concentrations de potassium et de silicium sont quant à elles inférieures à 10 mg/l.

Éléments majeurs dans les eaux souterraines en fonction du type d’aquifère
Éléments majeurs dans les eaux souterraines en fonction du type d’aquifère Données : NAQUA, 2018/2019.

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Dernière modification 11.11.2024

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