Empreinte biodiversité
La fabrication, l’utilisation et l’élimination des biens consommés en Suisse sont associées à une utilisation des sols qui peut porter atteinte à la biodiversité. L’empreinte sur la biodiversité montre l’étendue de ces atteintes. Elle se base sur le potentiel de perte d’espèces (probabilité de l’extinction globale d’espèces) imputable à certaines formes d’utilisation du sol (grandes cultures ou urbanisation) par rapport à l’état de référence d’une nature intacte. Son calcul varie selon les régions du monde : transformer des surfaces forestières en terres arables a des répercussions nettement moindres sur la biodiversité en Europe que dans les zones tropicales.
L’indicateur inclut l’utilisation des sols à l’étranger due aux produits importés (perspective de l’empreinte).
La pression qu’exerce la consommation suisse sur la biodiversité, en valeur par habitant, a augmenté d’environ 6 % de 2000 à 2021, atteignant 6,7 espèces-an par billion d’espèces (pico-PDF∙a, cf. Méthode) à la fin de la période sous revue. L’impact sur la biodiversité a crû de manière marquée et continue à l’étranger. La part de cet impact en Suisse est passé de 44 à 32 %. Les aliments destinés à la consommation humaine ou animale constituent la majeure partie de l’empreinte biodiversité due aux importations.
En raison de la croissance démographique de la Suisse, l’empreinte biodiversité a augmenté plus fortement en termes absolus qu’en termes relatifs (valeur par habitant), passant de 45 à 58 espèces-an par million d’espèces (micro-PDF∙a).
La perte d’espèces due à la seule consommation suisse atteint ainsi une valeur similaire à la perte naturelle d’espèces observée à l’échelle mondiale, soit 1 espèce-an par million d’espèces (cf. Frischknecht et al. 2018; Steffen et al. 2015). La comparaison avec le taux d’extinction naturelle montre que l’empreinte biodiversité de la Suisse, extrapolée à la population mondiale, dépasse très largement le niveau compatible avec les limites planétaires. Pour ces raisons, l’état et l’évolution de l’indicateur sont jugés négatifs.
La pression sur la biodiversité s’est accrue dans les mêmes proportions que la demande finale suisse. Il n’y a donc pas eu découplage entre l’évolution du niveau de vie et des atteintes. Autrement dit, l’efficacité liée à l’empreinte biodiversité ne s’est pas améliorée.
Pour des raisons méthodologiques, il n’est actuellement pas possible d’effectuer une comparaison internationale.
Conformément aux recommandations du programme Life Cycle Initiative du PNUE, la méthode de l’empreinte biodiversité se base sur Chaudhary et al. (2016) et permet de quantifier la perte potentielle d’espèces à long terme imputable à un type d’utilisation des sols (p. ex. grandes cultures ou urbanisation) par rapport à l’état de référence d’une nature intacte. L’indicateur tient compte de la vulnérabilité des espèces pour calculer le recul régional d’espèces largement répandues ainsi que l’extinction d’espèces endémiques, qu’il convertit en « espèces totalement éteintes au niveau mondial ». L’empreinte biodiversité traduit donc les différentes intensités d’impact dans un seul indicateur, par analogie à l’empreinte gaz à effet de serre exprimée en « kg d’éq.-CO2 ». Les équivalents-espèces potentiellement disparues sont intégrés au fil des ans (a) et quantifiés par billion d’espèces (pico-PDF∙a) [1] ou par millions d’espèces (micro-PDF∙a).
Relation entre l’empreinte biodiversité et les listes rouges suisses : L’empreinte biodiversité indique la perte potentielle d’espèces à long terme au niveau mondial. Le point de vue est donc très différent de celui qui préside à l’établissement des listes rouges et des données relatives à la biodiversité en Suisse. Par conséquent, ces dernières ne sont pas comparables à l’empreinte biodiversité. De plus, l’empreinte biodiversité ne couvre que la cause principale de la perte d’espèces, à savoir l’utilisation des sols. Elle ne tient pas compte des autres facteurs de déclin de la biodiversité, comme les changements climatiques ou les apports d’azote et de pesticides.
[1] 1 Pico-PDF∙a = 10–12 PDF∙a (= un billionième PDF∙a) ; PDF = potentially disappeared fraction of species = part des espèces qui disparaissent. La notion d’espèces-an reflète l’intégration de ce paramètre au fil du temps.
Le calcul de base provient de la publication "Empreintes environnementales de la Suisse. Évolution entre 2000 et 2018" (EBP/Treeze 2022) et d'une mise à jour effectuée par EBP.
Evolution visée | Valeur initiale | Valeur finale | Variation en % | Evolution observée | Evaluation |
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Diminution | Moyenne 2000-2002 | Moyenne 2019-2021 | 6.88% | Augmentation | négative |
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