Composés azotés

Les quelque 3 millions de vaches, de boeufs et de porcs présents en Suisse produisent d’importants volumes de fumier et de lisier, qui libèrent de l’ammoniac (NH3) en quantité dans l’atmosphère. Ces émissions proviennent des étables et des réservoirs de lisier ouverts, ainsi que de l’épandage de purin dans les champs et les prairies. Tôt ou tard, l’azote finit par se déposer sur les sols, y compris dans des écosystèmes précieux, où cette fertilisation indésirable amorce un processus négatif (voir graphique). Une partie de l’azote s’échappe ensuite à nouveau des sols sous forme de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre, qui s’attaque aussi à la couche d’ozone.

Les eaux sont également touchées : les nitrates, qui résultent de la transformation de l’ammoniac par des bactéries et qui ne peuvent être absorbés par les végétaux, aboutissent dans les ruisseaux et les rivières et les dégradent. Parmi les autres polluants atmosphériques azotés figurent les oxydes d’azote (NOX), qui proviennent essentiellement de la combustion des carburants et descombustibles fossiles (voir page 18). En Suisse, ils représentent en moyenne un tiers des dépôts d’azote dans les écosystèmes.

Les fuites du cycle de l’azote

Pendant longtemps, l’azote disponible pour les végétaux a longtemps circulé dans un cycle fermé. Il se recyclait sans cesse entre le sol, les végétaux, les animaux et les micro organismes. L’invention des engrais azotés et la forte augmentation de la combustion du bois, du charbon, du gazet du pétrole ont fait gonfler le cycle de l’azote à l’échelle mondiale. Les importations de fourrage alimentent également le cycle de l’azote. Elles favorisent l’accroissement des cheptels de bétail, et donc des volumes de purin. Le cycle de l’azote s’est transformé en circuit ouvert : en Suisse, une grande partie de l’azote issu des systèmes agricoles s’échappe chaque année dans l’environnement.

Dans la nature, les dépôts d’azote atmosphérique bioactif s’élèvent à 0,5-2 kilogrammes par hectare et par an. Du fait des émissions d’azote, ces dépôts se sont multipliés au cours des 100 dernières années. La carte montre où et à quel degré les limites critiques sont dépassées. Presque tous les hauts-marais, trois quarts des bas-marais, près de 90 % des forêts et un tiers des prairies et pâturages particulièrement riches en espèces affichent des charges excessives d’azote atmosphérique. Les conditions environnementales de ces surfaces sont à ce point modifiées que certaines espèces sont évincées à moyen et à long terme (voir graphique ci-dessous). En forêt, les charges excessives perturbent l’équilibre nutritif des arbres et les rendent plus vulnérables aux tempêtes, à la sécheresse et aux maladies.

Par rapport à 1990, les dépôts d’azote ont néanmoins reculé. La diminution des cheptels ainsi que des mesures de réduction des émissions dans l’agriculture ont permis d’abaisser les émissions d’ammoniac d’origine agricole, notamment entre 1990 et 2000. Mais, depuis le début des années 2000, ces émissions n’ont que faiblement régressé. Le recul des émissions d’oxydes d’azote contribue également à la baisse des dépôts d’azote (voir infographie page 18).

Dépôts d’azote
Les dépôts élevés d’azote laissent des traces manifestes sur la végétation : les surfaces très touchées ne présentent plus guère d’espèces adaptées à des sols pauvres en nutriments. Les dépôts élevés d’azote constituent un gros problème pour la biodiversité en Suisse. Le recul de la diversité végétale entraîne la disparition de nombreuses espèces animales, avant tout des insectes.
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Dernière modification 24.02.2021

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