02.11.2020 - Le premier week-end d’octobre 2020 aura marqué les esprits : d’intenses précipitations se sont abattues sur le sud et le centre des Alpes ainsi que les régions avoisinantes, et y ont provoqué des crues. Au cours de cet événement, 22 des stations de mesure des débits gérées par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) ont relevé de nouveaux maximas pour le mois d’octobre. Dans les régions touchées, de nombreux cours d’eau sont sortis de leur lit et ont atteint à plusieurs stations de mesure le degré de danger 4, voire 5 (la Goneri en Valais). Le lac Majeur a lui aussi débordé par endroits du fait des débits accrus de ses affluents.
Des précipitations particulièrement abondantes ont arrosé le sud des Alpes ainsi que l’ouest et le centre de la crête des Alpes du jeudi soir 1er octobre au samedi midi 3 octobre 2020 (voir MétéoSuisse-Blog).
Le cœur de l’événement s’est déroulé de vendredi matin à samedi matin. Au cours de ces 24 heures, des cumuls entre 100 et 250 mm ont été relevés un peu partout. Dans l’ouest du Tessin, ils ont même atteint 400 mm. Les régions voisines, comme certaines parties du Haut-Valais et de l’Oberland bernois ainsi que des cantons d’Obwald et d’Uri, ont elles aussi enregistré des pluies considérables.
Degrés de danger 3 et 4 atteints dans de nombreux cours d’eau
Du fait des intenses précipitations, les niveaux des lacs et des cours d’eau des régions concernées ont rapidement monté dès vendredi midi 2 octobre. Les débits de la Reuss à Seedorf (UR) et la Lütschine à Gsteig (BE) atteignaient déjà dès les premières heures du samedi le degré de danger 4. D’autres ont suivi durant la matinée, comme la Reuss à Andermatt (UR), le Rhône à Reckingen (VS) et la Moesa à Lumino (TI). La Goneri, qui alimente le Rhône à Goms, a même franchi le seuil du degré de danger 5.
Nombre de cours d’eau ont affiché jusqu’à samedi midi 3 octobre des pointes de débit de danger 2 ou 3. Ce sont le Rhin à Diepoldsau (SG), le Rhône à Porte du Scex (VS) ainsi que l’Inns à Tarasp et Martina (GR) qui ont présenté samedi après-midi les valeurs les plus hautes, alors que les débits de la plupart des autres cours d’eau s’étaient déjà fortement abaissés.
Nouveaux maximas relevés à 22 stations de mesure
Au total, 22 des stations de mesure des débits exploitées par l’OFEV ont enregistré durant cet événement de nouveaux maxima pour le mois d’octobre. La Goneri à Oberwald (début des mesures en 1991) et la Moesa à Lumino (début des mesures en 1981) ont quant à elles atteint des records tous mois confondus.
Les débits observés sont exceptionnels, comme le prouvent également certaines stations avec des séries de mesures nettement plus longues. La pointe de débit de la Reuss à Andermatt se produit tous les 50 à 100 ans, celle du Seedorf, tous les 30 à 50 ans. Les quantités d’eau ont été telles que les digues ne parvenaient plus à les contenir: il donc fallu dévier la Reuss vers l’autoroute A2 et ses environs, comme le prévoit le plan de protection en vigueur.
Le Ticino à Bellinzone, le Rhône à Reckingen et le Rhin à Diepoldsau ont atteint des niveaux qui surviennent tous les 30 à 50 ans. Sans compter de nombreuses autres stations qui présentent des séries de mesures des débits plus ou moins longues et font état d’une récurrence de plus de dix ans (voir tableau ci-dessous).
Durant l’événement, la limite des chutes de neige était encore très haute et ne s’est abaissée que samedi matin. En conséquence, les précipitations ne sont presque pas tombées sous forme de neige. Samedi, la limite du zéro degré est rapidement passée sous les 2000 m en début de journée, atténuant ainsi les débits accrus du cours supérieur du Rhône et de la Reuss.
Le résumé ci-après fournit des informations détaillées sur les maxima relevés, les périodes de retour et les degrés de danger atteints :
Hausse considérable du niveau d’eau du lac Majeur
Fin août déjà, de fortes pluies étaient tombées sur le sud des Alpes, provoquant une augmentation rapide du niveau d’eau ainsi que des crues, bien que les valeurs saisies alors n’étaient pas autant élevées que celles d’octobre.
À l’époque, les niveaux du lac Majeur s’étaient accrus de 1,3 m. En octobre, ils ont augmenté d’environ 2,5 m. À titre de comparaison, ils étaient montés d’environ 3,5 m en quatre jours lors des crues d’octobre 2000. Samedi matin, le lac a vu son niveau gagner 12 cm par heure, car le Toce, la Maggia et le Ticino y déversaient plus de 6000 m3/s. Une fois la fin des précipitations, le lac, qui a débordé par endroits, a atteint dans la nuit de dimanche à lundi son plus haut niveau, soit 195,46 m, tout juste en dessous du seuil de danger 3. Il présentait alors un niveau bien supérieur à la moyenne saisonnière (voir graphique ci-dessous).
Du fait de ses affluents accrus, le niveau du lac de Lugano s’est élevé de 60 cm au total. Le pic de 271,05 m (degré de danger 2) a été atteint le lundi matin 5 octobre. Si les lacs de Brienz et des Quatre-Cantons ont eux aussi affiché des hausses de niveau marquées (respectivement 60 et 40 cm environ), ils n’ont toutefois pas atteint le degré de danger 2.
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Dernière modification 02.11.2020