Arbre des villes, arbre des champs

Deux disciplines permettent d’amplifier les services rendus par les arbres : la foresterie urbaine et l’agroforesterie. Des initiatives encouragent l’arborisation et le maintien du couvert végétal, tant en ville qu’en zone agricole.

Texte : Stéphanie de Roguin

Überdachter Abschnitt der A9 bei Sion
Un espace vert a été créé au-dessus du tronçon couvert de l’A9, près de Sion. Le projet vise à lutter contre les canicules.
© Susanne Goldschmid/BAFU

Les arbres sont indispensables au bien-être des citadins. C’est ce qu’explique le forestier urbain néerlandais Cecil Konijnendijk avec sa règle des 3-30-300 : pour une qualité de vie optimale, il faudrait que chaque habitant puisse voir 3 arbres depuis son domicile ; que son quartier soit arboré à au moins 30 % ; et qu’il habite à moins de 300 mètres d’un parc ou d’une forêt.

En dehors des bienfaits sur notre santé mentale, les arbres rendent un grand nombre de service, dits écosystémiques : ils améliorent la qualité de l’air, régulent la température, fournissent de l’ombre et de la fraîcheur en été, filtrent les substances polluantes et absorbent le CO2 ainsi que l’eau de pluie. Ils sont les garants d’une importante diversité végétale et constituent des habitats précieux pour les oiseaux ou la petite faune.

« Les arbres en ville revêtent une importance grandissante dans le contexte actuel de lutte contre les îlots de chaleur, dit Jean-Laurent Pfund, collaborateur à la section Services écosystémiques forestiers et sylviculture de la division Forêts à l’OFEV. L’aspect esthétique reste un élément important, en plus de tous les services écosystémiques fournis. La biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques représentent cependant des conditions de base. »

Les forêts et arbres urbains sont donc essentiels. Cependant, leur part a tendance à diminuer dans de nombreuses villes en Suisse. Une réalité qui s’explique par la densification du bâti, par des difficultés techniques (manque de sol disponible, espace racinaire insuffisant, manque d’eau) et administratives, notamment la nécessité d’adapter les règlements et autres plans d’affectation, ce qui demande du temps. Reste alors l’objectif pour les urbanistes et autres professionnels de la ville de se montrer toujours plus créatifs, en imaginant de la végétation en toiture ou en façade par exemple.

Esel im Wald
La forêt et l’agriculture peuvent être associées, comme ici dans les châtaigneraies du Malcantone, dans le canton du Tessin. Pendant des siècles, la région a vécu principalement de la châtaigne.
© Jan Geerk/Switzerland Tourism

Concilier arbres et agriculture

En zone agricole, les arbres se révèlent tout aussi importants qu’en ville. L’agroforesterie en Suisse n’est pas une nouveauté, en témoignent des paysages traditionnels comme les châtaigneraies du Tessin, les pâturages boisés du Jura ou les vergers à hautes-tiges, qui se déploient depuis des siècles dans notre pays.

Aujourd’hui, cette approche est encouragée en raison des services écosystémiques rendus par les arbres. En effet, grâce aux arbres, l’agriculture peut améliorer son bilan carbone tout en augmentant la résilience de son paysage et de sa flore. De plus, les systèmes agroforestiers offrent aussi des avantages économiques. « Il y a vingt ans, on voulait des champs efficients et rentables. Aujourd’hui, on veut un système agricole durable et productif, non seulement pour le présent, mais aussi pour les générations futures », explique Sonja Kay, chercheuse en agroécologie et environnement à l’Agroscope. Ainsi, la diversification des produits, notamment grâce à l’agroforesterie, permet de réduire le risque de pertes de récoltes dues à l’augmentation des périodes de chaleur et de sécheresse.

Cependant, déployer des systèmes agroforestiers n’est pas anodin pour les agriculteurs, générant bien souvent un surplus de travail et parfois une nécessité de se former à de nouvelles pratiques. Des aides cantonales existent : les cantons des Grisons, d’Argovie, de Bâle-Campagne et de Fribourg, par exemple, ont adopté des stratégies encourageant l’agroforesterie, de même que le projet intercantonal Agro4esterie (GE, JU, NE, VD), qui vise à dispenser des conseils personnalisés et un soutien financier pour la mise en place ou l’optimisation d’un système agroforestier. 

Six initiatives pour le développement de la foresterie urbaine

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Dernière modification 29.11.2023

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