Février sec 2023 : Peu de pluie, peu de neige - étiage ?

02.03.2023 - Cet hiver, il y a exceptionnellement peu de neige en Suisse. De plus, il n'a pratiquement pas plu ces dernières semaines. Quel est l'impact de cette situation sur les cours d'eau, les lacs et les eaux souterraines et le danger d'incendie de forêt ?

Hinterrhein Februar 2023
Peu de neige au lieu d'un paysage hivernal enneigé : c'est ainsi que se présente par exemple l'Hinterrhein (GR) en février 2023.
© Andrea Crose, BAFU

Très peu de pluie …

Une grande partie de la Suisse fait face à une longue période sèche. Lorsqu’il y a eu des précipitations ces dernières semaines, elles n'ont été que de courte durée et en faible quantité. Cela a pour conséquence que le niveau de certains cours d'eau, lacs et aquifères est inférieur à ce qu'il est habituellement en hiver.


… et très peu de neige

À toutes les altitudes, il y a actuellement sur l’ensemble de la Suisse nettement moins de neige que de coutume pour la saison selon la moyenne pluriannuelle. De plus, aucune chute de neige importante n’est attendue dans les prochains jours. La faible quantité de neige observée actuellement a des conséquences sur le niveau des lacs et des rivières ainsi que sur celui des eaux souterraines : la fonte printanière devrait être nettement moins importante qu'habituellement.

Schneewasseräquivalent ganze Schweiz Februar 2023
Très peu de neige durant l'hiver 2022/23 : ce n'est pas la hauteur de neige qui est déterminante pour la situation hydrologique, mais la quantité d'eau contenue dans la neige qui peut être libérée lors de la fonte des neiges. Cet équivalent en eau de la neige (SWE) est, cet hiver (ligne noire), considérablement inférieur à la moyenne (ligne grise épaisse).
© WSL-Institut für Schnee- und Lawinenforschung SLF

Légère situation d'étiage pour les rivières et les lacs

Les débits en Suisse sont actuellement plus bas que la normale pour la saison à de nombreux endroits, en particulier sur le Plateau et dans le sud du Tessin. Les grands cours d’eaux tels que l'Aar, la Reuss, la Limmat et le haut Rhin affichent notamment des niveaux inférieurs à la moyenne. Pour certaines stations, on observe des étiages tels qu'ils se produisent statistiquement tous les deux à dix ans.

Les grands lacs présentent quant à eux des niveaux usuels pour la saison, à l’exception du lac de Zoug, du lac Majeur et du lac de Lugano, qui cotent en dessous de la normale, ainsi que du lac de Zurich et du Léman, dont les niveaux restent légèrement accrus.
Il est normal que les niveaux d'eau faibles prédominent en hiver, lorsqu'une grande partie des précipitations est retenue sous forme de neige dans les montagnes. La végétation est encore au repos, les besoins en eau pour l'agriculture sont encore faibles, c'est pourquoi on n'accorde généralement pas d'attention particulière aux étiages en hiver.  

Etiage de la Maggia (TI) près de Someo à la mi-février 2023.
© Thomas Schlegel

Eaux souterraines en grande partie à un niveau normal

Dans l’ensemble, les eaux souterraines présentent une image habituelle pour la saison. Actuellement, les niveaux des eaux souterraines et les débits des sources se situent dans la norme saisonnière. Dans les aquifères proches de la surface et de petite taille, ils sont en certains endroits légèrement inférieurs en raison de la période sèche des dernières semaines. Les aquifères en roches meubles profondes (à plus de 40 mètres de profondeur) réagissent avec un fort temps de latence aux changements météorologiques. C'est pourquoi, après la sécheresse marquée de l'année dernière, le niveau des eaux souterraines y est parfois encore bas.

Les eaux souterraines se reconstituent surtout en hiver et au printemps grâce aux précipitations locales et à la fonte des neiges. Cependant, lorsque la couverture neigeuse est réduite et que les pluies sont rares, l'apport d'eau dans les eaux souterraines est moindre.


2023 sera-t-elle à nouveau une année sèche ?

L'année 2022 a été très sèche. Les niveaux des cours d’eau, des lacs et des eaux souterraines en Suisse s'étaient toutefois en grande partie rétablis entre l'été sec de 2022 et la fin de l'année. Le léger étiage actuel est une conséquence des mois d'hiver pauvres en précipitations.

Dans les rivières et les lacs, le niveau d'eau moyen au cours de l'année augmente nettement au printemps en raison de l'eau de fonte des montagnes. S'il y a peu de neige en hiver, il y a moins d'eau disponible durant la période de fontepour s'écouler dans les rivières, les lacs et les eaux souterraines.

Il n'est toutefois pas encore possible de prédire si le manque actuel de neige et de pluie entraînera une situation d'étiage plus importante dans les cours d'eau au printemps ou en été 2023. Cela dépendra fortement des précipitations des semaines et des mois à venir. Rien que pour compenser le déficit de neige, il faudrait statistiquement plus de 100 mm de précipitations dans toute la Suisse. C'est dans les régions de montagne que les déficits sont les plus importants. Il y manque localement plus de 200 mm d'eau, qui est normalement stockée sous forme de neige à cette période de l'année. Des pluies plus importantes et plus longues au printemps pourraient toutefois encore normaliser la situation ou du moins la désamorcer.


C'est l'effet du changement climatique ?

La faible épaisseur de neige en montagne peut s'expliquer en partie par le changement climatique, car l'augmentation de la température de l'air a entraîné davantage de précipitations sous forme de pluie et non de neige que les années précédentes (scénarios hydrologiques Hydro-CH2018 (admin.ch)). L'évaporation augmente également en raison des températures de l'air plus élevées, cette eau manque alors également au manteau neigeux et aux cours d'eau. Les faibles précipitations de cet hiver ne sont toutefois pas une conséquence directe du changement climatique, mais sont dues aux conditions météorologiques (accumulation de situations anticycloniques).

Selon les scénarios climatiques CH2018, les précipitations hivernales devraient même augmenter à l'avenir. Ceci est confirmé par l'évolution à long terme des mesures de précipitations, qui montrent également une augmentation significative des précipitations hivernales. Les effets du changement climatique sur les cours d'eau ont été étudiés dans le cadre du thème prioritaire Hydro-CH2018 du NCCS.


Qu’en est-il du danger d’incendie de forêt ? 

La sécheresse a également un impact sur le danger d'incendie de forêt, comme le montre la carte synoptique nationale de l'OFEV : www.dangerincendieforet.ch. Depuis des semaines, le danger d'incendie de forêt est modéré à marqué dans certaines parties de la Suisse. C'est pourquoi une interdiction absolue de faire du feu en plein air a été émise pour le canton du Tessin et pour les les vallées du sud du canton des Grisons. Il est impératif de suivre les instructions des autorités locales afin d'éviter les incendies de forêt. Aucune précipitation importante n'est encore en vue.

L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et les cantons continuent de surveiller la situation. Au niveau fédéral, l'OFEV alerte en cas de danger d'incendie de forêt en Suisse et dans la Principauté de Liechtenstein. La carte actuelle www.dangerincendieforet.ch contient, outre les informations sur le danger actuel d'incendie de forêt et les mesures en vigueur dans tous les cantons et dans la Principauté de Liechtenstein, des recommandations sur le comportement à adopter. De manière générale, la prudence est toujours de mise lors de l'utilisation de feux en plein air.

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Dernière modification 02.03.2023

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