21.11.2017 - Prendre soin de nos paysages les plus précieux et les plus typiques est un effort qui vaut la peine d’être consenti, car les paysages façonnent notre identité, nous offrent des lieux de délassement, abritent une faune et une flore variées et contribuent de façon substantielle à l’attractivité touristique de notre pays. Depuis 40 ans, l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) protège ces zones uniques.
Pourquoi un inventaire des paysages protégés ?
L’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) est né de la volonté du peuple suisse de préserver son patrimoine paysager. L’essor économique des années d’après-guerre laissant dans le paysage des traces de plus en plus visibles, un malaise croissant s’est installé chez une majorité de citoyens : la singularité, la beauté et la diversité des paysages de même que la richesse des espèces et des milieux naturels étaient menacées. Des voix plus nombreuses se sont alors élevées contre certains grands projets tels que la centrale de Rheinau ou la construction d’une place d’armes dans les Franches-Montagnes (Jura).
Si l’initiative Rheinau et d’autres initiatives populaires ont été rejetées, elles ont toutefois contribué à la mise en vigueur de la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage en 1966 et de l’IFP en 1977.
Catalogue de nos paysages les plus précieux et de leurs objectifs de protection
L’IFP recense actuellement 162 paysages naturels et historico-culturels, inscrits dans l’inventaire en quatre étapes successives (1977, 1983, 1996 et 1998) avec le concours des cantons. Ces objets couvrent 19 % de notre territoire national. Ce sont les hauts-lieux paysagers de la Suisse. À ce titre, le droit fédéral leur garantit « spécialement d’être conservés intacts ou en tout cas d’être ménagés le plus possible » (lire l’encadré).
Tous les cantons à l’exception de Bâle-Ville abritent au moins l’un de ces paysages à valeur particulière.
La plupart des objets de l’IFP réunissent plusieurs qualités paysagères. Tel est le cas de la plaine alluviale alpine d’Engstligen par exemple (IFP 1513 Engstligenalp und Entschligefäll). Située au creux d’un cirque d’origine glaciaire, cette plaine alluviale typique du versant ouest des Alpes suisses est remarquable par sa dimension. Ce paysage est surtout connu et apprécié des adeptes de la randonnée en montagne et des skieurs. Véritable monument naturel, les chutes de l’Engstligen, hautes de 400 m comptent parmi les plus grandes cascades de Suisse.
Depuis des générations, les familles de paysans de Frutigen et d’Adelboden utilisent la plaine alpine pour faire paître leur bétail pendant la saison d’estivage. L’endroit est célèbre pour le tracé spectaculaire du chemin emprunté par les troupeaux depuis plus d’un siècle, la montée à l’alpage se faisant à même la paroi rocheuse de la cascade.
Pour chaque objet, l’inventaire fédéral précise de quelle manière s’est formé le paysage que nous observons aujourd’hui, quelle diversité d’animaux et de plantes il abrite, comment le paysage a été façonné et exploité par l’homme, comment il se présente aujourd’hui et par quels moyens nous le protégeons. Comment les gorges de Ponte Brolla se sont-elles formées à l’entrée du Val Maggia, célèbre pour la beauté sculpturale de ses parois rocheuses ?
À quoi le système collectif d’irrigation jadis utilisé dans les prairies irriguées du Plateau a-t-il servi pendant des siècles ? Les réponses à ces questions sont à lire dans les fiches de description des objets de l’IFP (env. 1000 pages), accessibles depuis la carte IFT et map.bafu.admin.ch.
Fascination et caractère des paysages
L’être humain vit dans et avec le paysage. Il le définit à travers les caractéristiques physiques qu’il observe, mais également à travers des images mentales et des représentations personnelles et collectives. L’être humain perçoit le paysage avec sa vue, son ouïe et son odorat. L’ensoleillement, l’altitude, le vent et l’eau provoquent eux aussi des sensations corporelles qui projettent en chacun de nous une image personnelle du paysage observé.
Il est prouvé que les paysages naturels et les paysages historico-culturels bien préservés ont un impact positif sur notre santé physique et mentale et sur notre bien-être. Les effets sont aussi variés que les possibilités d’utilisation des paysages : promenade en forêt, détente ou loisir sur les rives d’un lac ou d’une rivière, randonnée au sommet d’une montagne, contemplation d’un panorama magnifique. Une qualité paysagère élevée et une biodiversité intacte rendent plus agréable notre expérience au contact du paysage.
Le programme de monitoring Observation du paysge suisse (OPS, OFEV 2017) montre que la nature et le paysage ont tendance à évoluer plus positivement à l’intérieur des sites IFP qu’à l’extérieur. Le mitage y est moins avancé et les émissions lumineuses sont inférieures à la moyenne nationale. Les qualités paysagères des sites IFP sont d’ailleurs évaluées positivement par la population : les personnes qui vivent à l’intérieur d’un objet de l’IFP perçoivent leur environnement comme particulièrement beau, fascinant et authentique.
La révision de l’inventaire améliore son efficacité
Les exigences relatives à l’utilisation du paysage font peser une forte pression sur les objets de l’IFP, en particulier sur les grands sites. Parmi ces exigences, citons entre autres la croissance urbaine, certaines formes d’utilisation agricole nouvelles ou intensifiées, les contraintes liées au tourisme et la construction d’installations produisant de l’électricité à partir de l’énergie éolienne ou hydraulique. Dans ce contexte, l’état actuel du paysage à l’intérieur des sites IFP est plutôt réjouissant, de même que son évolution au cours des dix dernières années ; ce bilan s’explique par la volonté de promouvoir dans ces sites un développement paysager de grande qualité qui accorde une importance accrue au caractère particulier de chaque paysage considéré.
Cette volonté est le fait de différents acteurs, notamment du Fonds Suisse pour le Paysage (FSP) créé en 1991 à l’occasion du 700e anniversaire de la Confédération. La série de photos ci-après montre des exemples de revalorisation d’objets IFP
Si l’on peut aujourd’hui se réjouir des 40 années d’existence de l’inventaire fédéral, il ne faut pas oublier qu’à l’origine la préservation volontaire de nos paysages les plus précieux n’avait rien d’une évidence. Il suffit de remonter aux années 1980 et 1990 pour constater qu’il n’y avait encore aucune différence ou presque entre le développement paysager des sites IFP et celui des régions de référence. Après une analyse de l’instrument, le Conseil fédéral a chargé l’Office fédéral de l’environnement d’entreprendre la révision de l’IFP afin d’en améliorer l’efficacité.
Cette révision s’est achevée en 2017. Pour chaque objet, la précision du descriptif, la justification de l’importance nationale et la formulation concrète des objectifs de protection permettent aujourd’hui de peser encore plus soigneusement les intérêts de la protection et de l’utilisation. Le nouvel inventaire offre ainsi de bonnes conditions pour pérenniser un développement paysager de qualité.
Informations ultérieures
Droit
Nationale Bedeutung von Aufgaben‐ und Eingriffsinteressen im Sinne von Art. 6 Abs. 2 NHG (PDF, 294 kB, 17.12.2012)Rechtsgutachten von Prof. Dr. iur. Pierre Tschannen und Fabian Mösching im Auftrag des Bundesamtes für Umwelt (BAFU), November 2012.
Dernière modification 21.11.2017