Chauffer au bois, mais correctement

29.11.2024 – Le chauffage au bois est considéré comme respectueux du climat et de l'environnement. Cette affirmation ne vaut toutefois que si l’installation de combustion est exploitée de manière optimale. En effet, si tel n’est pas le cas, elle génère des nuages de fumée qui contiennent des substances nocives pour l’être humain et l’environnement. Ce dossier vous explique comment les chauffages au bois peuvent être exploités dans le respect de l’environnement.

En hiver, les chauffages tournent à plein régime et sont souvent à l'origine de plus de la moitié de la pollution aux particules fines.
En hiver, les chauffages au bois tournent à plein régime et sont souvent à l'origine de plus de la moi-tié de la pollution aux particules fines. © ky

Les appartements et maisons sont de plus en plus chauffés au bois en raison de l’insécurité de l’approvisionnement énergétique et pour des raisons de protection du climat. D’une part, les chauffages à l’huile ou au gaz sont toujours plus souvent remplacés par des chaudières à bois. D’autre part, les cheminées, les poêles suédois et les poêles en faïence sont en plein essor. Ainsi, les quantités d’huile et de gaz brûlés diminuent et, par là même, les émissions de CO2 d’origine fossile. Or les chauffages au bois libèrent davantage de substances nocives, telles que les poussières fines. Il est possible de réduire ces effets néfastes sur la qualité de l’air en respectant quelques points essentiels.  


Les chauffages au bois sont-ils respectueux du climat et de l’environnement ?

Il y a des centaines de milliers d’années, le carbone contenu dans l’huile de chauffage et le gaz naturel était extrait de l’atmosphère par les végétaux, puis stocké dans la croûte terrestre une fois ceux-ci décomposés. Aujourd’hui, lorsque ces combustibles fossiles sont brûlés, le carbone qu'ils contiennent est libéré dans l’atmosphère sous la forme de dioxyde de carbone (CO2). Ce CO2 supplémentaire accroît l’effet de serre, à l’origine du réchauffement du climat mondial.

Du CO2 est également généré lors de la combustion de bois, toutefois uniquement dans des volumes équivalents à ce qui a été retiré de l’atmosphère par photosynthèse durant la phase de croissance de l’arbre. C’est pourquoi les émissions de CO2 du combustible bois sont neutres sur le plan climatique, tant que les quantités de bois brûlées n’excèdent pas les quantités qui croissent durant le même laps de temps. Cependant, l’utilisation d’agents énergétiques fossiles pour la récolte, la transformation et le transport du bois péjore le bilan des émissions de gaz à effet de serre. C’est lorsqu’il est utilisé comme matériau de construction que le bois produit son meilleur effet sur le climat : le COreste ainsi stocké durablement dans le bois.

La combustion du bois est souvent partielle : elle génère des émissions parfois notables de méthane et de protoxyde d’azote, deux substances néfastes pour le climat. En outre, elle rejette des polluants atmosphériques comme du monoxyde de carbone, un gaz toxique, de la suie et des composés organiques, notamment des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont des substances cancérigènes. Enfin, la combustion de bois libère d’importantes quantités de poussières fines.

Il est interdit de brûler du bois traité dans les poêles et les cheminées.
Il est interdit de brûler du bois traité dans les poêles et les cheminées.
© Joël Käser/BAFU

En 2022, la combustion de bois a été en Suisse responsable de 15 % de toutes les émissions de poussières fines ayant un diamètre inférieur à 10 micromètres (PM10), causant même 30 % de la quantité totale de particules de poussières fines présentant un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5). Ces particules très fines, non visibles à l’œil nu, peuvent être inhalées et parvenir dans les poumons voire dans le système sanguin et, partant, nuire à la santé. Il peut s’en suivre des maladies respiratoires et cardio-vasculaires. De plus, les poussières fines sont cancérigènes.

Les chauffages de locaux individuels alimentés aux bûches, tels que les cheminées, les poêles suédois, les poêles en faïence et les fourneaux génèrent une quantité disproportionnellement élevée de poussières fines par rapport à l’énergie qu’ils produisent. Ils causent environ la moitié de la totalité des émissions de PM10 et de PM2,5 générées par les chauffages au bois, alors que seuls un sixième du bois y est brûlé. 

Le chauffage au bois nuit donc à la qualité de l’air, au climat et ainsi à l’environnement de manière différente selon le taux de combustion du bois. Pour pouvoir maintenir les conséquences néfastes à un niveau aussi bas que possible, il est impératif de disposer d’installations modernes et conformes à l’état de la technique et de les exploiter dans les règles de l’art avec du bois approprié.

Chauffages à grande efficacité énergétique et à faibles émissions

Les chauffages de locaux individuels et les chaudières à bois d’une puissance calorifique inférieure ou égale à 500 kW doivent respecter les exigences en matière de mise dans le commerce et d’exploitation formulées respectivement dans l’ordonnance sur les exigences relatives à l’efficacité énergétique et dans l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair). Ces exigences sont résumées dans une fiche d’information (tableau 6 : aperçu, tableau 7 : valeurs limites d’émission relatives à l’exploitation, tableaux 9 et 11 : exigences et valeurs limites relatives à la mise dans le commerce) :

Les émissions de polluants produites par les petites chaudières à bois, utilisées notamment dans les maisons et les immeubles d’habitation, sont mesurées tous les quatre ans par les autorités cantonales ou communales, qui contrôlent qu’elles respectent les dispositions de l’OPair. S’agissant des chauffages de locaux individuels, un contrôle visuel de l’installation, des cendres et du stock de bois est effectué.

Les grandes installations nécessitent souvent des filtres à poussières fines pour respecter les valeurs limites prévues par l’OPair. Disponibles aussi pour les chaudières à puissance calorifique plus faible et pour les chauffages de locaux individuels, ces filtres sont capables de retenir jusqu’à 95 % des poussières fines.

Généralement, plus les chauffages au bois sont grands et exploités de manière professionnelle, plus les émissions générées sont faibles. Les valeurs limites prévues par l’OPair reflètent ce principe, notamment pour le monoxyde carbone, les poussières fines et les oxydes d’azote : les dispositions sont d’autant plus sévères que l’installation est grande.

Combustibles appropriés

Les chaudières à bois et les chauffages de locaux individuels ne peuvent être alimentés qu’au bois à l’état naturel, non traité et approprié au type d’installation (bûches, bois déchiqueté ou granulés). En outre, le combustible doit être sec et avoir été entreposé correctement.

L’association Energie-bois suisse propose, dans la publication suivante, un aperçu des combustibles autorisés et appropriés pour les différents types d’installations :

Est proscrite l’incinération de bois usagé et de déchets de tout type dans les chaudières à bois et les chauffages de locaux individuels. En effet, la combustion de bois traité avec des produits de conservation ou du vernis peut générer des dioxines et des furanes, deux substances hautement toxiques.

Brûler du papier, du carton ou des emballages plastiques engendre également des émissions de polluants dangereux pour la santé. En plus de sentir mauvais, ces émissions mettent en danger non seulement les exploitants, mais également leurs voisins. Il est donc interdit de brûler de tels combustibles. Energie-bois suisse fournit, dans la publication suivante, des explications sur l’utilisation de combustibles appropriés et l’interdiction de brûler des déchets :

Bûches empilées
Bûches empilées © Energie-bois Suisse

Exploitation des installations dans les règles de l’art

Les chaudières à bois sont des installations entièrement ou majoritairement automatiques. Il est possible de limiter les émissions en suivant les instructions d’exploitation et en utilisant les combustibles corrects dans des installations modernes. De plus, l’entretien régulier de l’installation devrait être réalisé par un expert.

Les chauffages de locaux individuels nécessitent une attention accrue en vue d’une exploitation la plus faible possible en émissions et une utilisation optimale de l’énergie contenue dans le bois. Il est impératif que le feu soit allumé correctement, car c’est cette étape qui génère le plus de poussières fines. Dans la plupart des cas, l’allumage par le haut constitue le processus produisant le moins d’émissions. Energie-bois suisse propose une vidéo et des aides illustrées expliquant comment allumer correctement un feu :

En cas de situation météorologique d’inversion thermique associée à une forte pollution de l’air, de même que dans les vallées et les régions encaissées, les fourneaux à bois ne servant pas à chauffer mais uniquement à accroître le confort et la convivialité ne devraient pas être utilisés ou que de manière très limitée.

Nettoyage, conseil et exécution des dispositions

Les ramoneurs, les contrôleurs de combustion et les constructeurs de chauffages fournissent des conseils sur la manière d’exploiter un chauffage au bois de manière optimale. Les installations utilisées fréquemment doivent faire l’objet d’un nettoyage et d’un entretien réguliers. Si un chauffage de local individuel est remis en service après une longue période d’inutilisation, il est impératif qu’il soit auparavant contrôlé par un ramoneur et, le cas échéant, nettoyé par celui-ci.

L’exécution des dispositions de l’OPair relève de la compétence des autorités cantonales. En cas de constat d’émissions excessives générées par un ou plusieurs chauffages, il convient de contacter l’autorité du canton ou de la commune concernée.

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Dernière modification 29.11.2024

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