Les extrêmes sont-ils la nouvelle norme ? Depuis la fin du 19e siècle, le réchauffement de la région alpine a augmenté environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La Suisse est particulièrement touchée par les effets du changement climatique. Cela affecte les secteurs les plus variés de la société, de même que les espaces naturels et culturels en Suisse. Les observations montrent que le changement climatique a déjà une influence sur les dangers naturels. La Confédération prend diverses mesures.
Depuis le début des mesures en 1880, le « géant des Alpes » en Valais se retire de 20 à 50 m par an en raison du réchauffement climatique, avec une perte aujourd’hui estimé à plus de 3 km de longueur. Sans l’effet stabilisateur de la glace qui fond rapidement, le flan de Moosfluh sur la Riederalp s’est mis à glisser. En 2016, 150 millions de m3 de masse rocheuse, soit l’équivalent de 190'000 maisons se sont écroulés (voir animation ci-dessous). Grâce à des données provenant des satellites et des radars, l’OFEV et le canton du Valais ont pu détecter à temps les mouvements de terrain et fermer ainsi l’accès à la zone en guise de prévention et surveillance du site.

Le paysage alpin actuel se modifie rapidement en Suisse et a pour conséquence d’augmenter les risques de dangers naturels. Dans le cas du glacier d’Aletsch, les chercheurs Guillaume Jouvet et Matthias Huss de l’ETHZ ont simulé la fonte du glacier jusqu’à la fin du siècle. Si la communauté internationale réussit à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et limiter le réchauffement planétaire à 2°C, le glacier d’Aletsch pourrait conserver 40% de son volume actuel d’ici à 2100. Le cas contraire, il pourrait complètement disparaître. Le message est fort : cette différence peut être obtenue grâce à des mesures ambitieuses de la Suisse, mais aussi des autres nations.
Changements climatiques observés jusqu'à présent en Suisse

Les scénarios climatiques CH2018 résument les changements observés jusqu'à présent pour les principaux indicateurs climatiques de la manière suivante:
Depuis 1864, les températures de l'air au niveau du sol ont augmenté d'environ 2°C. La période de végétation s'est ainsi allongée de deux à quatre semaines depuis les années 1960 et l'isotherme de zéro degré a augmenté de 300 à 400 mètres depuis lors. À 2000 mètres d'altitude, le nombre de jours de neige par an a diminué de 20% depuis 1970. En dessous de 800 mètres d'altitude, il neige deux fois moins souvent qu'avant.
En outre, au cours des 100 dernières années, l'intensité des précipitations journalières les plus élevées sur une année a augmenté en moyenne d'environ 10% et la fréquence des fortes précipitations d'environ 26%.
Les précipitations annuelles et saisonnières n'ont pas changé de manière significative depuis le début des mesures. Seules les précipitations hivernales du côté nord des Alpes ont augmenté de 20% au cours des 100 dernières années.
Les scénarios climatiques CH2018 décrivent également comment notre climat pourrait évoluer d'ici le milieu du siècle et au-delà.
Température: Les températures estivales maximales augmenteront plus vite que les températures estivales moyennes. Au milieu du siècle, le jour le plus chaud pourrait être selon les régions de +2°C à +5.5°C plus chaud qu'aujourd'hui. Avec la température maximale, le nombre de jours de canicule (≥ 30 °C) augmente également. D'ici le milieu du siècle, la limite du zéro degré pourrait passer de 850 mètres aujourd'hui à près de 1500 mètres d'altitude.
Fortes précipitations: à l'avenir, les précipitations fortes et extrêmes seront plus fréquentes et plus intenses. Cela concerne toutes les saisons, mais particulièrement l'hiver. En été, malgré la baisse des précipitations, certains événements de précipitations s'intensifient. D'ici le milieu du siècle, l'intensité des précipitations centennales devrait augmenter de 10 à 20%. L'élévation de la limite des chutes de neige entraînera en hiver davantage de précipitations sous forme de pluie et non de neige, ce qui prolongera la saison des inondations (printemps et automne).
Des situations météorologiques rares et de longue durée sont à l'origine d'inondations de grande ampleur. En raison de leur rareté, aucune analyse statistique n'est encore possible et les modèles climatiques ne fournissent pas de résultats cohérents en ce qui concerne ces changements.
«Dans le cadre du réchauffement climatique, le climat de nombreuses villes se déplace de plusieurs centaines de kilomètres vers le sud. Berne fait ainsi un voyage climatique en Italie du Nord/Milan.»
Jean-François Bastin, chercheur en écologie systémique au Crowther Lab de l'ETH Zürich.
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L'impact du changement climatique sur les dangers naturels
En Suisse, les risques liés aux dangers naturels s'accentuent principalement en raison de l'augmentation de la valeur des infrastructures et de l'expansion de l'habitat dans les zones de dangers. Le changement climatique devrait à l'avenir entraîner une augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements extrêmes. Les dangers naturels se multiplieront dans des zones et à des périodes de l'année qui ont été épargnées jusqu'à présent.

En résumé, les effets attendus du changement climatique sur les dangers naturels sont les suivants:
Eau
- Augmentation et intensification des épisodes de précipitations de courte durée / intenses ayant un impact sur les inondations locales et les ruissellements. On ne dispose pas encore d'informations sur les tendances en matière de précipitations prolongées.
- Augmentation de l'érosion et de la production de sédiments, en raison de l'augmentation de la température et des changements dans le domaine périglaciaire.
Glissement de terrain
- Changements principalement dans les domaines de la couverture végétale et de l'hydrogéologie.
- En raison de l'augmentation des précipitations courtes/intenses, les glissements de terrain et les coulées de boue peuvent être plus fréquents.
Processus de chutes (chutes de pierres et blocs, éboulements, écroulements)
- Changements, particulièrement dans les domaines du pergélisol et des cycles de gel/dégel.
- Diminution du pergélisol. Le retrait des glaciers déstabilise les versants et provoque plus d'événements de chutes.
- Les cycles de gel /dégel se produisent plus longtemps (dans le temps) et plus fréquemment (dans l'espace) et provoquent une augmentation des événements de chutes.
Avalanches
- Changements principalement dans les domaines de la limite des chutes de neige, de la quantité de neige et de la structure de la couverture neigeuse.
- Les changements climatiques modérés ont peu d'impact sur l'activité des avalanches.
- Au-dessus de 3500 m d'altitude, la neige s'accumulera d'avantage, rendant possibles des avalanches de neige humide plus importantes.
- Augmentation de la portée des avalanches (augmentation de la propagation régionale).
- En dessous de 2000 m d'altitude, diminution de la quantité de neige = diminution de la fréquence des avalanches.
Dangers naturels et changement climatique en Suisse : état des connaissances (en allemand)
- Bericht Naturgefahren und Klimawandel in der Schweiz: Stand des Wissens (PDF, 2 MB, 09.06.2020)
- Zusammenfassung Naturgefahren und Klimawandel in der Schweiz: Stand des Wissens (PDF, 762 kB, 09.06.2020)
- Klimasensitivität Naturgefahren Teil 1: Methodenbericht (PDF, 3 MB, 16.04.2015)
- Klimasensitivität Naturgefahren Teil 2: Resultate (PDF, 4 MB, 18.03.2015)
- Klimasensitivität Naturgefahren Teil 3: GIS-Handbuch (PDF, 9 MB, 15.09.2021)
Mesures fédérales d'adaptation au changement climatique dans le domaine des dangers naturels
Les leçons et les constatations tirées des événements des dernières décennies constituent la base des lois actuelles et de la stratégie 2018 formulée par la Plate-forme nationale "Dangers naturels" PLANAT "Gestion des risques liés aux dangers naturels", qui cite la capacité d'adaptation de la Suisse comme l'un de ses quatre objectifs.
Adaptation aux changements climatiques en Suisse - Premier volet de la stratégie du Conseil fédéral du 2 mars 2012

Objectifs, défis et champs d’action. Premier volet de la stratégie du Conseil fédéral du 2 mars 2012. 2012
La stratégie fédérale „Adaptation au changement climatique en Suisse" définit les axes d'action suivants dans le domaine des dangers naturels.
Augmentation du risque d'inondation
Le changement climatique pourrait accroître le risque d'inondation en hiver en raison de l'augmentation des précipitations et de l'élévation simultanée de la limite des chutes de neige. En raison de l'intensification et de la multiplication attendues des fortes précipitations, il faut s'attendre à une augmentation des risques et, surtout, à des dommages importants dus aux ruissellements pendant le reste de l'année. Au printemps et au début de l'été, la superposition de grandes chutes de neige et de fortes précipitations peut aggraver la situation. Dans l'ensemble, l'exposition des zones d'habitat, des bâtiments individuels, des voies de communication, d'autres infrastructures et des terres agricoles évoluera et s'accentuera selon les saisons et les régions.
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Diminution de la stabilité des pentes et augmentation des mouvements de terrain
En haute montagne, la stabilité des flancs escarpés dépend des caractéristiques géologiques, de la pente et des conditions de gel. La fonte des glaciers et la dégradation du pergélisol peuvent entraîner une augmentation des mouvements de terrain en fonction des conditions locales. Parmi les exemples les plus marquants, citons l'écroulement dévastateur du Pizzo Cengalo en 2017 dans la région du Bergell dans les Grisons, ainsi que le grand glissement de Moosfluh dans la région d'Aletsch, qui a impliqué plus de 150 millions de mètres cubes de masse rocheuse. Aux altitudes inférieures, le risque de mouvements de terrain augmente en raison de l'élévation de la limite des chutes de neige et de l'augmentations des fortes précipitations.

Photographie du glacier de Trift prise par une caméra numérique mesurant les déformations en été 2017 avant la rupture du 10 septembre 2017. La zone instable du glacier est visible au centre de l'image. | Analyse de la déformation du 7 septembre 2017 (trois jours avant la rupture) effectuée à l'aide d'algorithmes spéciaux. Les surfaces violettes montrent les mouvements importants (env. 40 cm/jour) et les surfaces bleu clair les mouvements très importants (env. 50cm/jour). |
L'évolution de l'extension du pergélisol est étudiée par PERMOS, un organisme suisse de surveillance du pergélisol.
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Afin de relever ces défis de manière encore plus ciblée au niveau fédéral, le deuxième plan d'action « Adaptation au changement climatique en Suisse: plan d'action 2020-2025 » a été adopté en 2020:
- Assurer la surveillance des processus de dangers
- Connaître les dangers et les risques
- Concevoir des mesures de protection robustes et adaptables
- Mettre en œuvre des mesures d'aménagement du territoire fondées sur les risques
- Maîtriser efficacement les événements naturels
- Renforcer la sensibilisation aux dangers naturels, la formation continue et la recherche dans le domaine des dangers naturels
- Analyser les événements majeurs et la gestion des risques liés aux dangers naturels
La protection contre les dangers naturels est déjà largement mise en œuvre en Suisse. Selon la situation, des mesures d'aménagement du territoire, organisationnelles, constructives et biologiques sont combinées de manière optimale. Dans le contexte du changement climatique, les concepts et les mesures existantes doivent être réexaminés en fonction de l'évolution des dangers et adaptés en conséquence. La Confédération élabore, en collaboration avec les cantons, des lignes directrices qui précisent la manière de prendre en compte le changement climatique dans l'évaluation des dangers et des risques, et dans la planification des mesures, afin de permettre une approche commune transparente, systématique et adaptée aux processus.
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- Plate-forme national dangers naturels: Gestion des risques liés aux dangers naturels - Stratégie 2018
- Adaptation aux changements climatiques en Suisse: Plan d’action 2020-2025
- Adaptation aux changements climatiques en Suisse - Plan d’action 2014–2019
- Adaptation aux changements climatiques en Suisse - Premier volet de la stratégie du Conseil fédéral du 2 mars 2012
Programme pilote
Le climat continuera de changer au cours des prochaines décennies. Nous devons nous adapter à de nouvelles conditions. Depuis 2013, la Confédération gère le programme pilote « Adaptation au changement climatique ».
La deuxième phase du programme a démarré en 2019, avec 50 projets répartis sur six thèmes. Six projets concernent le domaine des dangers naturels et plus de 500 personnes d'organismes publics et privés sont impliquées dans ce processus. Les résultats des différents projets sont largement disponibles. Au cours de l'année 2022, les résultats des projets seront publiés dans un rapport de synthèse.
Programme pilote courts films illustrent les stratégies de protection contre les dangers naturels
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Informations complémentaires
Dernière modification 30.03.2023