À forte intensité, le rayonnement électromagnétique de haute fréquence peut induire des effets thermiques sur le corps humain, des stimulations nerveuses ainsi qu’affecter la perméabilité des cellules. À des intensités plus faibles, des effets biologiques ont été observés, mais dont la pertinence pour la santé n’est pas démontrée.
1. Effets thermiques
Les effets thermiques (augmentation de la température comme en cas de fièvre) sont bien documentés du point de vue scientifique. Ils ne se manifestent qu'à partir d'une certaine intensité de rayonnement - une intensité qui n'est généralement pas présente dans l'environnement.
Dans les fours à micro-ondes, nous utilisons les effets thermiques d’un rayonnement intensif de haute fréquence ; les aliments absorbent l’énergie du rayonnement et se réchauffent – nous avons ainsi un repas chaud dans notre assiette.
Cet échauffement s’applique également aux tissus biologiques en cas de rayonnement électromagnétique de haute fréquence et de très forte intensité. Le rayonnement de haute fréquence n’est généralement pas présent dans notre environnement quotidien à des intensités suffisamment élevées pour que ses effets thermiques soient nocifs pour notre santé.
Le seuil de danger est considéré comme atteint lorsque le rayonnement absorbé provoque une hausse de plus de 1 à 2°C de la température corporelle, après thermorégulation. Des effets similaires à ceux de la fièvre ou de la chaleur se manifestent alors : on observe des altérations de la mémoire et de différentes fonctions corporelles ainsi que des troubles de la reproduction ; le cœur, la circulation sanguine et le système immunitaire sont affaiblis. Les organes mal irrigués par le sang dans lesquels la chaleur se dissipe difficilement présentent un risque particulièrement grand. C'est le cas notamment des yeux : le cristallin peut s'opacifier ; c'est ce que l'on appelle la cataracte. Si le développement de chaleur est encore plus grand, il peut entraîner des brûlures internes, voire la mort par un coup de chaleur.
Ces effets aigus du rayonnement intensif de haute fréquence sont bien documentés du point de vue scientifique. Ils ont en commun le fait qu'ils ne se manifestent qu'à partir d'une certaine intensité de rayonnement. C’est sur la base du mécanisme d’action thermique que sont fixées les valeurs limites internationales destinées à protéger la population des atteintes à la santé. En Suisse, il s’agit des valeurs limites d’immissions de l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI). Ces valeurs protègent également contre les autres effets qui surviennent au-delà de cette limite, tels que la stimulation nerveuse ou l’affectation de la perméabilité des cellules.
2. Autres effets
Différentes études mettent en évidence des effets biologiques induits par un rayonnement ayant une intensité inférieure à celle des valeurs limites internationales, visant à protéger des effets thermiques. De tels effets sont aussi appelés effets athermiques.
Des indications de tels effets proviennent d’une part d’études épidémiologiques, d’autre part d’expériences en laboratoire. On a, par exemple, observé une influence sur l'activité des flux électriques du cerveau humain, une apparition plus fréquente de tumeurs chez l'animal ou des modifications physiologiques dans des expériences in-vitro.
L’influence sur l’activité des flux électriques du cerveau pendant le sommeil et l’éveil, qui se mesure à l’aide de l’électroencéphalographie, a été constatée dans divers laboratoires.
Dans une large étude épidémiologique avec 13 pays participants on a trouvé que les personnes qui avaient souvent téléphoné avec un téléphone mobile les 5 à 10 années précédentes avaient un risque plus élevé de développer des tumeurs malignes du cerveau (gliomes) et des tumeurs bégnines du nerf vestibulocochléaire (schwannome vestibulaire). En raison de cette étude et d’autres, le CIRC (le Centre International de Recherche sur le Cancer qui fait partie de l’OMS), a classé le rayonnement de haute fréquence comme peut-être cancérigène (groupe 2B).
Le Conseil fédéral a décidé en 2020 de mettre en place diverses mesures pour accompagner l’introduction de la 5G. L’une de ces mesures concernait un monitorage des tumeurs. Dans ce cadre, l’OFEV a mandaté l’Institut de médecine préventive et sociale de l’Université de Berne d’élaborer un concept afin de pouvoir reconnaître une augmentation du nombre de tumeurs qui pourrait être lié à l'utilisation des téléphones portables. En particulier, les chercheurs ont testé deux méthodes de reconnaissance de tendance en Suisse pour les gliomes et les schwannomes vestibulaires (neurinomes acoustiques). Selon les résultats de l’étude, aucun changement de tendance n'a été observé pour les gliomes. Par contre, l'une des deux méthodes d'analyse des tendances utilisée a montré une augmentation de l'incidence des schwannomes vestibulaires (neurinomes acoustiques). Il convient de noter que les analyses de tendance ne permettent pas de tirer de conclusions directes sur l'étiologie, c'est-à-dire la cause sous-jacente, d'un changement de tendance observé. Les auteurs soupçonnent que le changement de tendance observé pourrait être dû à une augmentation des diagnostics découverts de manière fortuite en raison de l'utilisation croissante des techniques d'imagerie ainsi que d'un meilleur enregistrement des cancers.
Une étude sur des souris a trouvé que l’exposition au rayonnement de haute fréquence combinée à un cancérigène chimique connu provoquait plus de tumeurs du foie et des poumons que le cancérigène chimique seul. Le rayonnement de haute fréquence pourrait donc avoir un effet cocarcinogène. Les résultats ont été confirmés par une étude de réplication.
Une grande étude à vie aux Etats-Unis a trouvé des tumeurs du cœur et du cerveau chez les rats mâles exposés à du rayonnement similaire à celui des téléphones mobiles. Il est remarquable qu’une autre étude, conduite en Italie avec une exposition similaire au rayonnement de stations de bases et d’une intensité du même ordre que les valeurs limites d’immission, ait trouvé les mêmes types de tumeurs chez les rats mâles.
Dans les expériences in vitro, on trouve régulièrement du stress oxydatif et / ou une réparation altérée des dommages à l’ADN.
Il existe donc incontestablement des effets athermiques, mais on ne sait pas comment ils se produisent. Les connaissances actuelles ne permettent pas non plus de dire si, et dans quelles conditions, ils présentent un risque pour la santé. Il n’est pas clair non plus ce que signifient les résultats des études sur les rats pour l’être humain. L'évaluation s'avère difficile, parce qu’on ne peut pas répéter certaines expériences ou que l’on a obtenus des résultats contradictoires. Il faut donc poursuivre l'étude scientifique des effets du rayonnement de haute fréquence de faible intensité.
Si le Conseil fédéral a édicté l'ORNI, c'est qu'il ne pouvait attendre que la science apporte les réponses attendues. Le principe de précaution défini dans la loi sur la protection de l'environnement exige en effet de limiter les émissions dans la mesure que permettent l'état de la technique et les conditions d'exploitation et pour autant que cela soit économiquement supportable. C'est pourquoi, s'appuyant sur ce principe de précaution, le Conseil fédéral a fixé pour les installations des valeurs limites plus sévères qui permettront de minimiser principalement la charge à long terme.
Informations complémentaires
Documents
Erarbeitung einer Methodik für das Monitoring von Tumoren im Rahmen des NIS-Gesundheitsmonitorings (PDF, 1 MB, 15.12.2023)Sur mandat de l'OFEV
Document disponible en allemand, résumé en français.
Rapport «Téléphonie mobile et rayonnement» (PDF, 2 MB, 28.11.2019)Sur mandat du DETEC
Le chapitre 6 résume l’état des connaissances sur les effets sur la santé liés à la téléphonie mobile.
Beurteilung der Evidenz für biologische Effekte schwacher Hochfrequenzstrahlung (PDF, 653 kB, 30.06.2014)Sur mandat de l'OFEV
Document disponible uniquement en allemand.
Dernière modification 11.07.2024