Le calme est important pour notre qualité de vie. Il nous permet de nous détendre, de bien dormir, de nous concentrer et de nous comprendre les uns les autres. À l’inverse, le bruit dérange et rend malade. En Suisse, une personne sur sept est exposée à son domicile à un bruit excessif dû au trafic. La plupart de ces personnes vivent en ville ou dans une agglomération. Les effets du bruit sur la santé ainsi que le besoin de calme doivent donc être pris au sérieux et surtout être davantage considérés dans le domaine du développement urbain.
- 1. Besoin de mobilité, société des 24 heures, densification, exigences en matière de qualité de vie ? (forces)
- 2. Émissions sonores et vibrations (pressions)
- 3. Protection insuffisante de la population (état)
- 4. Conséquences sanitaires et économiques (impacts)
- 5. révention du bruit à la source et protection de la ressource naturelle qu’est le calme (réponses)
1. Mobilité, développement urbain vers l’intérieur, société qui ne dort jamais (causes)
La mobilité occupe une place toujours plus grande dans la société suisse. Concernant le trafic de personnes, environ trois quarts des prestations de transport (terrestre uniquement) relèvent du trafic motorisé privé. Seules les mesures prises pour maîtriser la pandémie de coronavirus en 2020, comme l’obligation de télétravail, ont conduit, pour la première fois depuis le début des années 1990, à une baisse du trafic en Suisse. Le bruit et le développement territorial sont étroitement liés. D’un côté, l’urbanisation, afin de ménager les sols et le paysage, doit se développer vers l’intérieur du milieu bâti – là où souvent le bruit atteint déjà un niveau élevé et affecte la qualité de vie des habitants. De l’autre, le développement urbain vers l’intérieur raccourcit les trajets et favorise les déplacements à pied et à vélo – réduisant ainsi la pollution sonore.
Les villes et les agglomérations évoluent vers une société qui ne dort jamais : les heures d’ouverture des restaurants, des équipements de loisirs, des centres commerciaux et d’autres offres s’allongent, tandis que notre compréhension commune des heures de repos s’amenuise. Parallèlement, la population a une conscience sanitaire accrue et des exigences croissantes en matière de qualité de vie. Dans ce contexte, le potentiel de conflits dus au bruit augmente.
2. Émissions sonores et vibrations (atteintes)
À l’échelle de la Suisse, le bruit du trafic routier affecte le plus grand nombre de personnes. Vient ensuite le bruit des trafics ferroviaire et aérien. Malgré les améliorations techniques apportées aux voitures, aux trains et aux avions, les émissions sonores en Suisse n’ont pas diminué dans l’ensemble. Les raisons à cela sont d’une part la croissance du trafic et la circulation de voitures plus lourdes et équipées de pneumatiques plus larges et, d’autre part, la croissance démographique et le développement urbain. Mais à l’avenir, la tendance à la mobilité électrique pourrait réduire sensiblement les nuisances sonores à faible vitesse ou dans la circulation urbaine exigeant des arrêts et redémarrages fréquents. Les autres sources de bruit sont les stands de tir, les installations industrielles et artisanales, les machines et appareils, les chantiers, sans oublier les activités de la vie quotidienne (voisinage, musique, tondeuses à gazon, etc.).
Les principaux émetteurs de vibrations et du bruit solidien secondaire sont les chemins de fer.
3. Protection insuffisante de la population (état)
En Suisse, une personne sur sept (1,1 million d’individus) est exposée le jour, sur son lieu d’habitation, à des nuisances sonores dues au trafic qui dépassent les valeurs limites d’immission de l’ordonnance sur la protection contre le bruit. La nuit, c’est une personne sur huit (1 million d’individus) qui est touchée. Environ 600 000 unités d’habitation sont concernées durant la journée et près de 530 000 durant la nuit.
L’objectif constitutionnel de protéger la population contre les nuisances sonores excessives n’est donc pas encore atteint. Les projets d’assainissement réalisés n’offrent pas partout une protection efficace. En effet, des allégements autorisant le dépassement des valeurs limites d’exposition ont souvent été accordés.
Le bruit dû au trafic est un problème environnemental qui touche surtout les villes et les agglomérations. Plus de 90 % des personnes affectées par des immissions sonores nuisibles ou incommodantes en raison du trafic résident dans les grands centres ou dans leur périphérie. Dans les zones résidentielles urbaines densément peuplées, les bruits quotidiens et les émissions sonores des activités de loisir ont aussi tendance à augmenter.
Des données concernant les nuisances sonores subjectives sont régulièrement collectées. Les enquêtes montrent que le nombre de personnes dérangées par le bruit du trafic routier lorsqu’elles se trouvaient à leur domicile, fenêtre ouverte, est similaire à celui des personnes objectivement affectées par le bruit.
L’Office fédéral de l’environnement estime à 40 000 le nombre de personnes percevant des vibrations avoisinant les valeurs indicatives.
4. Conséquences sanitaires et économiques (impacts)
L’exposition constante au bruit ambiant (circulation, voisinage ou activités de loisirs) provoque rarement une lésion auditive directe. Cette gêne permanente est en revanche dommageable sur le plan physiologique.
- Le corps humain réagit aux bruits gênants en sécrétant des hormones de stress. Les conséquences en sont une augmentation du rythme cardiaque et une hypertension artérielle pouvant entraîner des maladies cardiaques, telles que l’infarctus du myocarde.
- Lorsque l’être humain est dérangé pendant son sommeil nocturne, il ne peut plus se reposer suffisamment. Il en résulte alors une fatigue chronique, une certaine nervosité, une irritabilité accrue et une baisse de performance.
- La population suisse perd au total 69 300 années de vie en bonne santé par an (DALY) qui, sans le bruit du trafic routier, auraient pu être vécues (estimations de l’OMS).
Le bruit a aussi un coût économique : les biens immobiliers se déprécient, les secteurs bruyants perdent de leur attrait pour l’habitat comme pour le travail, et les conséquences sanitaires se comptent en espèces sonnantes et trébuchantes. Les coûts externes imputables au bruit du trafic se montaient en 2020 à 2'529 millions de francs, dont 2039 millions (81 %) dus au trafic routier.
Généralement, l’augmentation du niveau sonore s’accompagne d’un changement dans la composition de la population résidant sur le site concerné. Ceux qui en ont les moyens déménagent vers des quartiers plus tranquilles.
Le déménagement dans des zones plus calmes y accroît les nuisances sonores, puisqu’il entraîne une hausse des besoins de mobilité de la population. L’augmentation des nouveaux flux de trafic engendre des problèmes de bruit supplémentaires dans des quartiers qui étaient calmes et affecte des zones de délassement précieuses sur le plan acoustique qui étaient jusqu’alors préservées.
5. Prévention du bruit à la source et protection de la ressource naturelle qu’est le calme (mesures)
Les bases légales applicables sont la loi sur la protection de l’environnement et l’ordonnance sur la protection contre le bruit. La législation prévoit de réduire le bruit en priorité à la source, toujours en ayant recours à l’état le plus récent de la technique de prévention du bruit. Lorsque les valeurs limites d’exposition ne sont pas respectées, le propriétaire de l’installation bruyante doit prendre d’autres mesures.
Dans le cadre des conventions-programmes, la Confédération contribue financièrement aux mesures cantonales de lutte contre le bruit excessif du trafic routier. Depuis 1985, la Confédération et les cantons ont investi près de 6 milliards de francs dans l’assainissement du bruit émis par les routes. Ces mesures ont déjà profité à un million de personnes environ. Comme le bruit routier conserve néanmoins un niveau très élevé, la lutte contre cette pollution sonore s’est transformée en une tâche permanente.
Le bruit du trafic routier peut être réduit notamment grâce aux mesures suivantes :
- revêtements phonoabsorbants,
- utilisation de pneus silencieux,
- limitation de la vitesse maximale autorisée,
- conduite adaptée, et
- mesures d’atténuation du trafic.
La pollution sonore due au trafic ferroviaire a pu être considérablement réduite, notamment grâce au passage du matériel roulant vers des technologies de freinage peu bruyantes, à l’interdiction des wagons de marchandises particulièrement bruyants, aux améliorations apportées à l’infrastructure ferroviaire et à la construction de parois antibruit. Grâce à l’interdiction des vols de nuit, le bruit du trafic aérien est interrompu pendant un temps dont la tranquillité doit être particulièrement protégée.
Vu que les agglomérations en Suisse se densifient, que la population augmente et que le trafic s’intensifie, les mesures à la source seront de plus en plus importantes pour garantir des lieux d’habitation et des espaces de vie agréables du point de vue sonore. En effet, la population a besoin de zones calmes et accessibles à l’intérieur et à l’extérieur des agglomérations. Dans ce contexte, il s’agit donc de préserver la tranquillité de manière cohérente.
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Dernière modification 25.01.2024