Les ruisseaux, les rivières, les lacs et les eaux souterraines subissent une forte pression. De nombreuses eaux se voient polluées par des résidus d’engrais, de pesticides ou encore de médicaments. Le lit des cours d’eau est souvent rectifié, canalisé et aménagé. L’exploitation de la force hydraulique constitue également une atteinte. Enfin, les espèces végétales et animales exotiques introduites en Suisse ainsi que les effets induits par les changements climatiques peuvent aussi avoir des répercussions négatives sur les eaux.
Aménagements sur les cours d’eau et régulations du débit
Depuis le milieu du XIXe siècle, les cours d’eau ont beaucoup perdu de leur diversité naturelle. Les opérations de canalisation, les aménagements en dur des rives et autres mesures correctives ont conduit à la situation actuelle : pratiquement 25 % des cours d’eau se caractérisent par une structure – c’est-à-dire un état écomorphologique – médiocre.
Sur les 35 grands lacs suisses, 30 sont régulés artificiellement en ce qui concerne leur niveau. Plus de 50 % des rives des grands lacs ont été aménagées, provoquant ainsi la disparition de la zone de transition entre milieux aquatiques et terrestres, pourtant de grande valeur écologique.
Exploitation de la force hydraulique
La Suisse compte environ 1400 sites de prélèvement d’eau servant à alimenter des centrales hydroélectriques. En conséquence, il ne reste bien souvent plus qu’une part minime du débit naturel du cours d’eau. En Suisse, environ 2700 km de tronçons de cours d’eau sont concernés par cette problématique. Or le manque d’eau conduit à la disparation des habitats naturels de la faune et de la flore aquatique.
Environ 1000 barrages, digues, seuils, et rampes constituent autant d’obstacles à franchir pour les poissons et autres organismes aquatiques.
Près de 500 installations hydroélectriques et non hydroélectriques empêchent le transport de sédiments de grande valeur écologique (charriage). Plus de 2000 km de cours d’eau sont concernés par cette problématique.
Une centaine de centrales à accumulation provoquent régulièrement des variations de débit (effet d’éclusée) et il peut alors advenir que des organismes aquatiques s’échouent sur les bancs de gravier asséchés ou se trouvent emportés par l’eau arrivant subitement. Environ 1000 km de cours d’eau sont concernés par cette problématique.
Pollutions anthropiques
Chaque jour, l’agriculture, l’industrie, l’artisanat et les ménages recourent à de grandes quantités de produits divers, dont une partie vient polluer les eaux et porter atteinte à la biodiversité. Des substances nutritives issues de l’agriculture et de l’épuration des eaux usées aboutissent dans les cours d’eau et les eaux souterraines, avec le risque de contaminer ces dernières et de surfertiliser les lacs. Des résidus de pesticides et de médicaments provenant de ces mêmes sources se retrouvent également dans les cours d’eau. Même en très faibles concentrations, ces substances peuvent avoir des effets néfastes sur les organismes aquatiques et polluer les eaux souterraines, raison pour laquelle elles sont qualifiées de «micropolluants».
C’est dans les cours d’eau du Plateau et des plaines des vallées que l’on retrouve la plus grande quantité de résidus de substances nutritives et de produits phytosanitaires utilisés en agriculture. Il existe en effet dans ces régions de vastes surfaces de champs, de vignobles et de plantations fruitières, sur lesquelles sont épandues des quantités importantes d’engrais et de produits phytosanitaires.
Il existe en Suisse plus de 700 stations d’épuration communales, qui ne peuvent cependant pas retenir toutes les substances présentes dans les eaux usées. Après traitement, les eaux contiennent encore des micropolluants, des substances nutritives et des microplastiques, qui parviendront ensuite dans les cours d’eau.
Les entreprises de l’industrie et de l’artisanat rejettent dans les eaux de surface un grand nombre de micropolluants de nature variable en fonction de la branche d’activité concernée. Les eaux usées des entreprises subissent en partie un prétraitement interne (= rejeteurs directs) ou sont acheminées vers une station d’épuration (= rejeteurs indirect).
Les eaux évacuées par les zones urbanisées et les voies de communication contiennent des micropolluants, des substances nutritives, des microplastiques et d’autres éléments de source parfois diffuse et difficilement localisable, qui se répandent ensuite dans les cours d’eau.
Imperméabilisation du sol
Les zones urbaines et les voies de communication rognent les surfaces qui sont nécessaires pour assurer un approvisionnement durable en eau potable issue des eaux souterraines. L’imperméabilisation des sols freine la recharge des aquifères. En outre, dans les zones où le pouvoir filtrant du sol s’avère insuffisant, le risque de pollution est plus élevé. Il n’existe plus guère aujourd’hui de surfaces non construites, exploitées de manière purement extensive, sur lesquelles peuvent être délimitées les zones de protection requises autour des captages d’eau potable.
Changements climatiques
Les changements climatiques ont des répercussions sur les eaux dans divers domaines. La température des cours d’eau et des lacs augmente, les périodes de sécheresse sont plus fréquentes et plus longues et les épisodes de crue deviennent plus intenses. La hausse de la température des lacs influence aussi le brassage entre les couches d’eau de surface et celles des profondeurs et donc l’oxygénation des fonds aquatiques. Ces répercussions climatiques sont appelées à s’accentuer encore au cours des prochaines décennies.
Espèces exotiques envahissantes
Les eaux suisses abritent un nombre croissant d’espèces animales et végétales non indigènes. Particulièrement présentes dans les cours d’eau de grande taille ainsi que dans certains lacs, ces espèces sont susceptibles de modifier substantiellement les milieux qu’elles colonisent et de contribuer ainsi au recul de la biodiversité.
Dernière modification 14.06.2024